Ascolia, me voila!

Lionel regarda Gwaeren d'un regard curieux. Pourquoi avait-elle dit ça ? Lui seul pouvait le tuer ...
Mais ses pupilles se rétractérent sous l'effet de la surprise. Ce ne pouvait ... Ce n'était pas ...
Il se frotta les yeux pour vérifier qu'il ne rêvait pas. Gwaeren était entourée d'un halo de lumiére ambrée, et l'aura qui s'en dégageaient suffisaient à faire reculer Yami Kabuki. Plus que les coups de poignards, c'était le coeur et l'âme de Gwaeren qui le blessaient.
Des blessures de plus en plus grandes se formaient sur son corps, et il était visiblement affaibli. Affaibli et terrifié. Car cette jeune fille, d'apparence si frêle au premier regard, était plus puissante que les Démons eux-mêmes.
* Comment est-ce possible ?*
Même Buki s'était arrêté d'attaquer, et regardait maintenant Gwaeren avec un air de respect et d'admiration non retenu.
" Cette fille ... Elle controle ... Elle controle le pouvoir des Hikari !!"

Le démon était dans un piteux état. Il ne pouvait regardait l’aura ambrée de son ennemie et donc ne pouvait se défendre contre sa puissance. Et elle le savait. Elle avait abandonné son poignard et se battait à présent par la force de ses sentiments. La charge d’amour qu’elle éprouvait pour son grand-père et l’amitié qui la poussait à lutter formaient son bouclier et détruisaient ce monstre à petits feux. Mais cela ne suffisait pas. Elle pouvait l’affaiblir au plus haut point, elle ne le détruirait pas.
Cependant, plus il s’affaiblissait, plus sa puissance grandissait. Elle absorbait son énergie et par la même occasion sa magie !
C’est alors que son corps céda et que le démon posa genoux à terre. Il n’avait plus d’issue.
Un sourire apparut alors sur le visage de Gwaeren. Elle rassembla tous ses pouvoirs et les envoya sur Yami Kabuki. Il fut projeté contre le mur de l’église et fut immobilisé contre ce dernier par la puissance de la jeune femme.

« Lionel, tu es le seul à pouvoir lui porter le coup de grâce ! Moi je ne peux que le contrôler et l’affaiblir ! »

A ces mots, Rîn tourna son regard vers Lionel et scruta sa réaction…
Allait-il pouvoir détruire ce qui fut une partie de lui-même durant tant d’années ?

Lionel se releva et courut devant Yami Kabuki. Ce dernier releva la tête :
" LeS LaIsSeRa-Tu Me TuEr, MoI qUi T'aI fAiS dEcOuVrIr La VrAiE VaLeUr De La ViE ?"
Lionel inspira un grand coup :
" Parce que tu appelles " Vie", ce que tu m'as donné ? Je l'aurais plutôt appellé " Mort" ..."
Buki se plaça a coté de Lionel :
" Tu es trop démoniaque pour qu'on te laisse vivre !"
Son rubis, au milieu de son front, se mit à briller, tandis qu'il concentrait son énergie.
" Lionel, qu'est-ce que tu attends ?"
Lionel tremblait. Se séparer de son Démon était une chose, le tuer en était une autre. Yami Kabuki eut un sourire, sur sa face décomposée.
" Il N'oSeRaIt PaS tUeR cElUi QuI lUi A fAiT rEnCoNtReR cElLe Qu'Il AiMe !! Je SuIs EnCoRe VaInQuEuR !!"
C'était ce qu'attendait Lionel. Il releva la tête brusquement. Ses yeux flamboyaient de haine, et on imagina aisément pourquoi Yami Kabuki eut, pour la deuxiéme et la derniére fois, peur de celui qu'il était censé controler.
" Mais tu as voulu la tuer ..."
Il commença à réciter la formule d'Invocation du Démon à l'envers.
" C'est la fin ..."
Des runes s'envolérent de la poitrine de Lionel et du rubis de Buki, pour aller tourbillonner autour de Yami Kabuki. Un cercle d'électricité se forma autour de lui. Lionel murmura :
" Et pour ça, je ne te pardonnerais jamais ..."
Son énergie magique et vitale se déchaina d'un seul coup. C'était comme si tous les Eléments s'étaient déchainés en un seul endroit, à un seul moment. Entre les éclairs, les vapeurs d'eau, les langues de feu et les stalagmites qui apparaissaient autour du Cercle de Révocation, on put apercevoir Lionel qui s'avancait vers son ancien Démon, qu'il avait tant haï.
" AtTeNdS, aTtEnDs !! On PeUt DiScUtEr, NoN ?"
Lionel lui répondit :
" Tu as essayé de discuter avec mes parents quand tu les as tués ?"
Et il lui passa son poing en travers de la poitrine.
L'explosion fut effroyable.

Gwaeren relâcha toute pression, exténuée. Les bras ballants, elle tourna la tête vers Lionel, qui scrutait l’endroit où se trouvait le démon quelques secondes auparavant. Malgré leur victoire, les traits de son visage étaient extrêmement tirés, un rictus de haine au coin de ses lèvres.

*Le pauvre…*

Elle comprenait ce qu’il ressentait. Sa douleur, sa haine, cette envie meurtrière de vengeance…Mais en voyant le désespoir dans le regard de son ami, une image lui traversa l’esprit. La vengeance n’est pas la meilleure des solutions. Elle ne soulage pas le cœur et tuer le meurtrier de son grand-père ne le ramènera pas à la vie.

« …mais ça me défoulera. » pensa-t-elle tout haut.

Lorsqu’elle le remarqua, elle fut soulagée que personne ne l’ait entendu. Elle fit alors comme si ne rien n’était et s’approcha de son ami. Sa main posée sur son épaule, aucun mot ne fut prononcé. C’était inutile. Elle le savait. Aucune parole ne serait à la hauteur de soulager son cœur. Seul le temps le pourrait. Ainsi que l’amour qu’il éprouvait pour Charlotte.
Un long silence s'en suvit durant lequel personne n’osa remuer un cil. Chacun plongé dans ses propres pensées.

* Et voila. La seule trace qu’il reste de ce démon est cette tache de cendre contre ce mur, et ce néant dans l’âme de Lionel. Espérons que cette plaie se comblera…un jour.*

Gwaeren leva alors les yeux au ciel. Le soleil déclinait.

« Quel magnifique crépuscule… »

Lionel sentit la main de Gwaeren se poser sur son épaule. Il mit sa main sur la sienne, et, malgré toute la haine qu'il lui portait, une larme coula sur sa joue. Une larme pour son meilleur ennemi, celui qui l'avait accompagné pendant tout ce temps, même s'il n'était vraiment pas désiré.
Il se sécha les yeux, et, subitement, il leva les deux bras au ciel :
" Ô rage !
Ô désespoir !
Ô vieillesse ennemie !
Ne suis-je donc né que pour vivre cette infamie ?"
Il laissa tomber ses bras et murmura :
" Dis-donc, je vais arrêter de dire des conneries, moi ?"
Il leva un poing serré, comme un appel.
" Bon allez, on va s'le faire, cet entrainement de tir à l'arc, ou quoi ? J'ai des fourmis dans les mains à force d'attendre !!"
Malgré lui, il souria. C'était le début d'une nouvelle vie, d'un nouvel avenir qui s'ouvrait devant lui. Alors, en route vers le futur ! Phrase qu'il ponctua en commencant à courir droit devant lui. Droit sur un arbre aussi ... On entendit un gros " Sblaaaf !!" tandis que la tête de Lionel rebondissait sur le tronc de l'arbre.

Charlotte était tombée dans le comma. Sa dernière vision avait été Lionel penchée sur elle. Ensuite, tout été noir. Le néant. Et puis elle avait entendu une explosion.Elle avait entrouvert lmes yeux et n'avait vu que le ciel. Elle sentit une langue rapeuse sur son visage. C'était doux, c'était frai. C'était Olwey. Dès que le garçon apparement appelé Lionel avait fait disparaitre la créature, il avait couru vers sa maitresse. Il pouvait l'appeler comme ça, maintenant. C'était sa maitresse. Elle le protégeait, l'aimait et lui ordonner en lui laissant des libertés. Et il se demandait pourquoi elle ne bougeait pas. Elle était vivante, pourtant! Il remarqua que ses yeux s'entr'ouvrait et continua de la lécher. pendant quelques minutes. Charlotte ouvrit les yeux plus grand, mais ne se releva pas. Ellen'en était pas encore capable. Elle était encore trop faible. Alors, lentement, elle porta sa main sur Olwey et la laissa ainsi. Olwey, lui, sentit la main de sa maitresse sur sa fourrure. Il la laissa faire. Charlotte attendit. Ses forces lui revenaient, petit à petit. Olwey rejeta sa petite tête en arrière et poussa un hurlement joyeux. Il avait une maitresse.

Lionel s'approcha de Charlotte. Elle paraissait fatiguée, mais peut-être était-ce dû à sa faible puissance magique. Il était vrai qu'elle avait été un peu trop enthousiaste quand elle avait lancé son sort. Le résultat en avait été catastrophique, mais rien d'irréparable. La glace s'était éclatée quelques secondes aprés que le sort eut réussi.
Il s'agenouilla auprés d'elle. Elle remuait faiblement, mais elle était vivante. Olwey lui lavait le visage à grands coups de langue.
* Et même moi, j'ai pas le droit de faire ça ...*, rigola-t-il intérieurement.
Il lui prit l'autre main.
" Hé, ca va ?"
Il se placa derrière elle et lui mit sa tête sur ses genoux, tout en lui caressant les cheveux. C'était la meilleure facon de se reposer, selon lui, c'était comme ça que sa mére l'endormait, lui et ...
Sa mémoire stoppa net içi. Qui était l'autre ? Lionel avait beau fouiller dans sa mémoire, il ne retrouvait ni son nom, ni son visage. Il était tellement absorbé dans ses pensées qu'il ne remarqua pas qu'il était descendu et que ce n'était plus ses cheveux qu'il caressait.

A la vue de cette scène, Gwaeren rougit violement.

« Heu…je vais faire un tour, annonça-t-elle à Lionel, je vais vous laisser tranquille. Je sais que je suis de trop là. Prends soin d’elle. Enfin pas trop quand même !»

Sur ce, elle attrapa son arc qu’elle avait abandonné avant d’attaquer le démon, et s’éloigna vers un coin serein, où elle pourrait les attendre. Rîn la suivit, sa queue se balançant de droite à gauche. Elle s’installa près de la porte de l’église, et posa sa tête contre l’arrête du mur. Peu à peu, son esprit plongea dans un sommeil profond, un sommeil que rien ne pouvait troubler. Un rêve où sa vie était différente, où son grand-père était toujours auprès d’elle, où elle pourrait vivre une véritable vie d’adolescente de 16 ans.
Mais serait-elle heureuse pour autant ?
Elle ne put avoir la réponse à cette question car une douleur insoutenable lui engourdit sa main droite.
Une large plaie ensanglantée lui balayait la paume de sa main. Une plaie profonde et douloureuse.

« Et m**** ! Pourquoi a-t-il fallut que je m’endorme à coté d’une plaque de vitrail brisée ! C’est bien ma veine ! »
« Demande à Lyo de te soigner ! Lui conseilla alors Rîn, placé à ses côtés. Il m’a soigné lorsque tu...enfin bref, vas le voir. »
« Heu…pas pour l’instant. Il est assez occupé avec Charlotte. »
« Tu crois ? Alors Regarde »

Gwaeren regarda dans la direction que lui indiquait son animal, et ouvrit de grands yeux, comprenant alors ce qu’il voulait dire.

Cependant, une main pressa son épaule gauche, ce qui lui valut un bon spectaculaire. Elle attrapa son poignard d’une vitesse incroyable et se dégagea pour le prendre par surprise et l’empoigna par derrière, plaçant son couteau sous sa gorge.

« Qui êtes-vous ? » Lui demanda-t-elle, d’un ton féroce.
« Qui je suis ? Ha ha ha, la question serait plutôt, qui es-tu toi ? Tu ne le sais pas, n’est ce pas ? »

La jeune femme resta interdite. Mais elle reprit rapidement ses moyens et le questionna une seconde fois.

« Répondez-moi ! Qui êtes-vous ? »

Rîn l’observait, de plus en plus inquiet.

«Gwaeren ! Mais à qui parles-tu ? Il n’y a personne ! »
« Quoi ? Mais si, regarde ! Il y a un vieil homme face à nous ! Tu ne le vois pas ?»
« Je sais qu’il fait assez sombre, mais je ne suis pas aveugle pour autant ! Et là je peux t’assurer qu’il n’y a personne !

Gwaeren l’observa. Son regard passa de Rîn au vieillard, sans comprendre. Elle n’était pas folle, pourtant ! Il était bien là, devant elle, et elle le tenait à sa merci sous sa lame tranchante. Comment ne pouvait-il pas le voir ?
Tout cela l’inquiétait. Mais si Rîn lui faisait une blague, ce n’était pas drôle du tout.
Ses yeux s'éloignèrent alors vers Lyo et Charlotte, qui s'était rétablie.

Lionel avait maintenant entonné un chant trés complexe, où se mêlait l'amour et l'amitié. C'était un chant de Guérison, enseigné par sa mére, qui était Prêtresse .( C'est à dire une personne dotée des pouvoirs de soigner, de guérir et de combattre les Démons )
Des rubans de couleur rouges s'enroulaient autour d'eux, et des runes étaients gravés sur ces rubans. Lionel rayonnait maintenant d'une aura blanche, et sa mére apparaissait derriére lui, par transparence, par souvenir. Mais il ne la voyait pas, occupé à son chant.
La voix de sa mére se mêla à la sienne, puis plusieurs autres vinrent s'ajouter à la leur. C'était comme si toutes les voix des Prêtres et des Prêtresses s'unissaient dans une mélodie mystique où tout le monde en ressortirait purifié. Les rubans parurent se tendre, puis glissérent autour du corps de Charlotte, adhérant à sa peau, à ses vêtements. Les rubans gagnérent une teinte dans la luminosité, puis disparurent d'un seul coup.
Charlotte était guérie. Mais pas Lionel. Le chant de Guérison requérait une grande quantité d'énergie magique, et il en avait déjà consommé beaucoup ces derniers jours. C'est donc tout naturellement qu'il tomba à la renverse et s'évanouit. Il aurait bien besoin d'un peu de repos.

Charlotte se sentit mieux après avoir entendu Lyonel et d'autres voix chanté. Elle avait également vu des rubans rouges. Si elle était dans son état normale, elle aurait eut la bouche et les yeux grands ouverts. Mais, là, elle pensait plutot à une hallucination. Et puis tout à coup, voilà qu'elle s'était sentie normale. Elle s'assit et regarda autour d'elle. La première chose qu'elle vit fut Lyonel évanoui à ses coté, Olwey lui léchant la main. Elle se pencha sur lui, écarta ses cheveux de son visage. Elle se pencha encore plus et ferma ses paupières. Sa bouche rencontra celle de Lyonel. C'était son deuxième vrai baiser. Elle avait l'impression que tout n'était que soleil, amour, amitié, bonté, gentillesse et beauté autour d'elle. Et, sans le savoir, elle déversait en Lionel tout son amour. Olwey, lui, avait sursauté lorsque les trous-pour-manger de Lionel et de sa maitresse s'étaient unis. Il pensa alors comme un humain. Il plaqua sa tête au sol et mit ses deux pattes sur chacun de ses yeux. Si on l'observait, on aurait putr discerner un petit sourire sur sa gueule.

Lionel sentit une odeur familiére, puis une sensation douce sur ss lévres. Malgré son extreme fatigue ( Dieu, que la sieste semblait prometteuse !) et sachant par avance qui c'était, il n'ouvrit même pas les yeux et laissa glisser sa main sur les cheveux de Charlotte. ( Car c'était bien elle ! )
Qand elle arrêta ( C'est elle qui arrêta, lui pouvait rester eternellement comme ça, si il avait une réserve d'oxygéne ... Quoique, à la réflexion, l'appel du dodo semblait plus fort ... ), il ouvrit un oeil ( Peut-être le deuxiéme, mais, avec ses cheveux mouillés, on ne sait pas pourquoi d'ailleurs, on ne voyait pas son deuxiéme oeil ... ) et la regarda.
" Ca va mieux ?"
Puis son oeil se tourna vers Olwey, qui lui déclencha une petite crise de fou-rire, par son attitude, puis vers Gwaeren. Elle semblait aux prises avec quelque chose, mais il ne pouvait pas voir ce que c'était. C'était sombre, tout noir ... En plissant un peu les yeux ( Ou l'oeil, si vous préférez ... ), il aperçut ... rien ! Personne ne la menacait ! Et pourtant, ce rien semblait la menacer comme autant d'ombres cruelles et lâches.
" Qu'est-ce qu'il y a ?"

Gwaeren observa Lionel. Comment pouvait-il lui poser cette question ? Ne le voyait-il pas lui aussi ? Mais pourtant ce vieillard ne passait pas inaperçu avec son large bâton à grelot et son chapeau de paille large comme trois têtes !

*Je ne suis pas folle tout de même !*

C’est alors qu’elle remit ses propres yeux en doute. Serait-il possible que cet homme soit une hallucination ? Il paraissait pourtant si réel…

« Haha haha, pauvre petite que tu es. Tu n’arrives plus à discerner le vrai du faux ? Serais-tu prête à prendre le risque de faire confiance aux yeux de tes amis plutôt qu’aux tiens ? »
« Je…Bien sûr que je sais discerner le vrai lorsque je le vois! Mais si vous êtes aussi réel que vous le prétendez…comment ce fait-il que je sois la seule à pouvoir vous distinguer?
« Tu ne réponds pas à ma véritable question. Et puis, qui t’as dis que j’étais une personne réelle ? Pas moi en tout cas. »

Sa réponse la déconcerta. Serait-il une de ses créatures que l’on appelle des spectres ?
Elle lança alors un dernier à Lyo qui paraissait incrédule face à son comportement. Ce fut alors comme une apparition. Tout doute envers eux se dissipa. Elle savait. Elle savait qu’elle pouvait leur faire confiance, qu’elle pouvait compter sur eux comme eux sur elle. Un énorme poids disparut de sa poitrine.
Lorsque son regard reprit sa place sur le dos de son interlocuteur, il parut plus sûr de lui, plus étincelant, plus vivant.
Elle reprit alors d’une voix directe et franche.

« Oui. Oui j’ai entièrement confiance en eux. En eux plus qu'en les prunelles de mes propres yeux. »
« Et bien je n’ai plus rien à faire ici. Mais sache une chose, je reviendrais chaque fois que tu douteras de toi-même. Alors habitues-y toi. »

Sur ce, le vieil homme disparut comme il était apparut. Sous le regard ébahi de la jeune femme. Elle n’y comprenait plus rien.
Ses jambes ne la soutenant plus, flageolantes et tremblantes, elle tomba à la renverse et s’écrasa sur une marche. Son chignon se détacha sous le choc de sa chute et des mèches ébène retombèrent sur son visage.

*Elle est magnifique les cheveux lâches, pensa Rîn pour lui-même. J’espère qu’elle trouvera dans cette cité son bonheur qu'elle recherche, qu'elle a raison de leur faire une telle confiance et que son coeur ne se retrouvera pas une nouvelle fois brisé par leur trahison ou pire...par leur propre mort.*

Charlotte regardait Gwaeren, la bouyche pendante, l'air hagard.

*Eh ben...*

Elle alla vers elle. Elle s'agenouilla.

"Gwaeren? Ca va?"

Charlotte faillit faire de la magie pour la remettre en état mais se retint au tout dernier moment? Elle était encore capable de commettre une gaffe. Olwey s'approcha au petit trop et léchouilla la main de Gwaeren. Il voulait certe la réconforter, mais, plus que tout, lui faire passer par cette lèche le signe qu'elle était son amie. Tout comme Lionel. Mais pas comme Charlotte. Charlotte, s'était plus. Charlotte, s'était pratiquement sa vie. Charlotte aida Gwaeren à se relever quand une pensée lui traversa la tête.

"Oh... Je... Je suis désolée, j'ai une course à faire... Je vous retrouverai plus tard... je ne sais pas pour combien de temps j'en aurais..."

Charlotte rougit un peu. Elle s'en voulait de partir comme ça, mais elle devait. Elle déposa un baiser furtif sur la bouche de Lyo, adressa un signe de la main accompagné d'un sourire à Gwaeren et se retira.

"A la prochaine! Peut-être encore aujourd'hui, je ne sais pas..."

Suivit d'Olwey, elle disparu dans les ruelles.

Lionel la regarda, médusé.
* Hein ? Qu'est-ce qu'elle a à faire ?*
Il haussa les épaules.
* Bah, aprés tout, elle fait ce qu'elle veut ...*
Il se retourna vers Gwaeren, et se pencha vers elle.
" Ca va ?"
Il cligna des yeux, et un petit courant électrique traversa son corps.
" Elle ... elle est ... mi... mignonne ..."
Ce fut tout ce qu'il put dire. Mais il se ressaisit bien vite et secoua la tête.
" Non ! C'est de Charlotte que je suis amoureux !"
Mais il croisa encore le regard intrigué de Gwaeren et rougit.
Olwey, pendant ce temps, regardait un papillon voleter.

Gwaeren sentit le malaise de Lionel. Elle rougit alors elle aussi, et détourna le regard. Elle ne pouvait pas faire ça. Il était à Charlotte. Et puis ce n’était qu’un ami !
Elle se leva alors, et s’éloigna un peu, réfléchissant.
Lorsqu’elle aperçut son reflet dans une flaque d’eau. Ses cheveux balayaient son visage doré, ses yeux ambrés perçaient l’obscurité que créent sa chevelure, et ses vêtements…son manteau s’était ouvert et laissait entrevoir sa tunique rouge, moulante et lacérée. Elle s’empourpra alors violement, tout en s’arrangeant nerveusement.
Puis elle retourna son regard vers Lyo qui n’avait pas bougé. Ses traits s’attendrirent. Elle se rapprocha de lui, et s’installa en tailleur à ses côtés. Puis elle l’invita à s’asseoir d’un signe de main. Voyant qu’il ne faisait rien, elle haussa les épaules et se concentra vers l’arbre que Lyo avait percuté auparavant. Une dizaine de branches se mirent à virevolter et à s’entasser devant eux, formant un petit bûcher.
Gwaeren interpella alors le jeune homme.

« La nuit tombe. J’ignore si tu possèdes un logement, mais si ça n’est pas le cas, est-ce que tu pourrais envoyé quelques étincelles sur ce tas de brindilles, afin d’allumer un feu ? On pourrait se réchauffer et faire cuire ces quelques poissons frais que Rîn vient tout juste de pécher. Enfin, si tu veux bien qu’on passe la soirée ensemble. »

Ses derniers mots la firent alors rougir une troisième fois.

*Décidément, j’accumule les gaffes ! Il faut que je fasse plus attention à ce que je dis !*

Lionel rougit timidement et s'assit, non pas en tailleur, vu qu'il tomba littéralement sur les fesses. Il leva une main, qui tremblait, et la dirigea vers le feu. Il se concentra un peu, mais dût être trop enthousiaste car la langue de feu quis 'en échappa n'avait rien à voir avec quelques mignonnes petites étincelles. Cette même langue de feu passa à ras de Rîn qui revenait de sa pêche. Il se baissa rapidement, et bien lui en prit, car son poil fut roussi.
" Aïe !"
Il venait de se brûler lui-même avec son propre feu !
Il souffla un peu dessus, puis se mit calmement à réfléchir. Autant dire qu'il était à deux doigts de paniquer comm un gosse qu'aurait vu un lapin sortir brusquement d'un fourré.
Il évita soigneusement de regarder Gwaeren. Par contre, il se demanda ce que Charlotte faisait.

« Lyo ! T’es fou ! T’as failli griller Rîn sur place ! S’exclama-t-elle en souriant. Pauvre chéri, il est toujours la victime lorsque l’un de nous ne contrôle pas ses pouvoirs… »

Elle posa alors ses yeux sur lui, et vit qu’il soufflait sur sa main brûlée. Ce n’était pas profond, certes, mais ça faisait sans doute très mal !

« Excuse-moi. J’ai pensé à mon animal avant de penser à toi. Tu… »
« Gwaeren ! Comment oses-tu dire ça ! Je ne suis pas un simple animal je te ferais remarquer ! C’est tout de même grace à moi que tu te trouves ici en ce moment! Je t'ai permis de comprendre ta puissance!"

La concernée tourna son visage vers lui et lui fit un grand sourire. Puis elle le prit dans ses bras, contre son gré, et le serra très fort, comme une peluche qu’elle voulait étrangler.

« Mais je t’adore ! Ne t’en fait pas ! »
« MOuuuuuuuuuuuui maais laaacheeee moiiii, tuuuu m’eutrangleuhhhhh ! »

Elle relâcha sa prise et rentra sa tête dans son manteau, d’un air gêné.

« Ha pardon. Pas fait exprès.»

Elle changea alors de sujet, attrapa les poissons, et en tendit deux à Lionel.

« Tu penses que Charlotte fait quoi en ce moment ? Elle a dû rentrer chez elle, ses parents doivent certainement s’inquiéter pour elle. A moins qu’elle soit comme nous…c’est vrai ça ! Je ne sais rien d’elle… »

Elle se tut alors, tout en vidant les deux truites. Lyo n’avait rien dit jusqu’à présent, et elle sentait bien qu’il évitait vivement son regard. Demain, elle partirait. Elle ne voulait pas semer le trouble dans son esprit. Et puis, Charlotte devait sans doute lui manquer beaucoup…

Lionel lutta encore quelques secondes avec son esprit. Puis il secoua la tête vigoureusement et fixa le feu.
" En fait, je sais pas si je peux te le dire ... mais vu que tu es une Prêtresse, ne pas te faire confiance serait une atteinte à la confiance elle-même ..."
Il regarda, longuement, tellement longtemps, la truite qu'il avait dans une de ses mains que Rîn se demanda s'il n'avait pas mis des poils dessus.
" On a tous fuit pour une raison, différente selon les individus. Charlotte s'est enfuie de chez son oncle car ses parents étaient morts et que son oncle ne l'acceptait pas, qu'elle avait des pouvoirs ... Moi j'ai fuit mon village, pour trouver le reméde contre le mal qui me rongeait, le Démon, et aussi pour épargner les autres villageois."
Il mordit un coup dans le poisson.
" J'aurais peut-être dû le faire cuire ..."
Il soupira, et placa ses poissons prés du feu.
" C'était les seuls qui avaient vraiment de la peine que je parte ... et c'est à eux que j'ai laissé mon dernier sourire ..."
Il se tapa le front du plat de la main.
" Enfin bref ... Ca nous donne tous un peu d'espoir que tu sois là, je pense ! Surtout à moi ..."
Il lui souria.
" Parce que si je peux être ami avec toi, ca voudrait dire que je peux être ami avec tout le monde !"

Gwaeren s'arrêta net. Elle fixa le feu crépitait quelques instants, avant de reprendre son dîner.

" Je te remercie." Prononça-t-elle alors d'une petite voix émue.

Elle releva alors les yeux vers Lionel, tentant de percevoir son regard. Son sourire la troubla. Pourquoi devaient-ils supporter une telle cituation de haine? Lui avec son démon, Charlotte avec sa "famille", et elle...avec celle qui était née pour le meurtrier de son aieul. Ils sont si jeunes pourtant!
Elle secoua la tête en signe de désaprobation, et replongea dans son dîner. Le poisson n'était pas fameux, meilleurs que tous ceux qu'elle avait mangé durant son périple, mais pas ausssi bon que ceux de sa mère.

*Maman...tu me manques tellement...*

A cette pensée, elle leva les yeux au ciel et observa les étoiles. Elles scintillaient de mille feux, tels des diamets brodés sur le long manteau ébène de la nuit.

*Lorsque tu mourras, lui disait-elle lorsqu'elle était gamine, tu deviendras une de ces étoiles mais tu seras la plus brillante d'entre elles. Parce que tu es la plus belle de toutes...*

Une larme perla au coin de ses yeux. Mais elle voulait rire, rire jusqu'à en mourir et oublier tous ses malheurs.

Cependant, le silence étant trop pesant, elle oublia son âge et retomba en enfance. Elle se jeta alors sur Lionel, désirant partager avec lui sa "bonne humeur".

"Tu vas voir toi de quel bois je me chauffe! Hurla t-elle en éclatant de rire, on va voir qui est le plus fort de nous deux!"

Le poisson vola, et atterrit sur la tête de Rîn, qui se demanda si le ciel ne lui tombait pas sur la tête, mais à l'envers : la mer et les poissons d'abord, puis la terre et le reste.
" Hélà, hélà !! Lache-moi !! Ou sinon tu vas vraiment chauffer pour de bon !!!"
Ils riaient à en perdre haleine, tout les deux, et c'était trés agréable, même pour un demi-démon. Mais Lionel était peut-être un petit peu trop enthousiaste car il lanca un long jet de flamme avec sa main.
" Houlala ... On dirait que j'arrive plus à controler ma magie ..."
Gwaeren était toujours accrochée à lui. Il lui toqua contre la tête.
" Hé, oh ! La-d'dans ! Tu vas me lacher, oui ou m**** ??"
Il arêta de déconner lorsqu'une petit boule lumineuse apparut dans son champ de vision. Il mit ses mains en visiére et plissa les yeux. Ca lui rappellait vaguement quelque chose ... Ca lui rappellait ...
" Liiiioonnneeeel !!!!!"
La petite boule le percuta avec la force d'une météorite, et on retrouvera une petite fée, que nous connaissons tous, accrochée à sa chemise !
" Bell ?!?"

Gwaeren observa la petite fée qui venait de les interrompre. Elle étincelait énormément dans la nuit, c'était impressionant! Elle lui avait aussi fait une belle frayeur lorsqu'elle avait percutée Lyo.

"Lyo ça va? Pas trop assomé?" Lui demanda-t-elle alors, tout en regardant Bell rafistolait ses ailes.

Cependant, celle-ci la fixa avec insistance, du reproche dans le regard.
Gwaeren baissa les yeux, culpbilisant...pour un mal qu'elle ignorait avoir fait. Elle se leva, plissa son manteau en le débarassant de la pousière qui le parsemait à quelques endroits, et s'installa de l'autre côté du feu...face à eux. Ils avaient sans doute des choses à se dire.

* C'était bien ce moment de folie, pensa-t-elle, il faudra recommencer, pour ne pas que l'atmosphère soit trop lourde.*

Rîn quand à lui, épiait la petite fée du regard.

*Un poisson c'est bon, se dit-il en se léchant les babines, mais une fée...ça a quel goût? Sûrement un bien meilleur... *

La jeune femme qui n'avait pas fait atention à lui, attrapa une branche rebelle qui s'écartait du bûcher, et s'apprêta à la replacer, lorsqu'elle la lâcha vivement.

"Aïe! P**** de branche! Qu'est ce qu'elle vous à fait ma main droite? Hurla-t-elle au levant les bras au ciel,d'abord je m'ouvre avec du verre! Maintenant c'est par le feu! Et demain ce sera quoi? Hein?"

Elle souffla alors sur sa main blessée dont la plaie s'était réouverte par la chaleur. Du sang ruisselant à présent le long de son poignet. Elle le regarda, désespérée, tout en se laissant tombée sur le sol.

*Il faut que je trouve quelqu'un qui puisse me soigner...ou j'ai bien peur que cela s'infecte...entre ma plaie et ma brûlure...*

Lionel la regarda, et soupira.
" T'es vraiment pas douée ..."
Il rampa ( Bell l'écrasait sous sa poigne de fée ... ) et s'approcha d'elle. Il mit sa main sur sa blessure et murmura :
" Deux fois ? Mais tu m'as pas prévenu la première fois ... Ca aurait pu être moins grave ..."
Il entonna alors le même chant que celui qu'il avait chanté pour guérir Charlotte.
" Hameno Koure ... Hanata denite ..."
Les mêmes rubans s'enroulérent autour du bras de Gwaeren, puis se collérent à sa peau et disparurent dans un flash de lumière aveuglante. Plus aucune trace de blessure.
" Faudra faire gaffe, je sais pas si t'as été contaminée avec quelque chose ... A partir de maintenant, si tu te blesse, ne serait-ce qu'une petite coupure, tu me le dis, ok ?"
Il lui fit des gros yeux méchants, mais ca devait lui donner un air passablement idiot car Bell éclata de rire.
" Ben qu'est-ce qui y'a ?"
" On dirait un pére qui gronde sa fille !!"
Le regard de Lionel alla de Bell à Gwaeren, puis :
" Arrête de dire des conneries, Bell ..."

Gwaeren fit la moue.

"Maieuh...je ne voulais pas te déranger! Tu étais déjà très occupé avec Charlotte...puis après j'ai oublié de te le demander.
Et puis je suis une grande fille! Merci de m'avoir soignée mais je ne veux pas dépendre de toi à chaque fois que je me blesse! C'est tampis pour moi, je n'ai qu'à faire attention. Et puis de toute façon, tu ne possèdes pas un pouvoir illimité. Alors ne l'utilise pas pour des futilités de ce genre. Tu m'as bien comprise?"

Elle observa Lyo qui se trouvait à présent très proche d'elle. Sa présence l'apaisait étrangement. Ses traits s'adoucir et elle fit un sourire gêné:

"Mais merci quand même...je te promets de faire attention la prochaine fois."

La jeune fille ne put alors s'empêcher de l'embrasser sur la joue qu'elle entrevoyait par les flammes qui crépitaient.

Entre temps, Rîn qui ne disait mot, fixait Bell avec de plus en plus d'insistance, prêt à bondir. Ce fut qu'il fit d'ailleurs.
Lorsque la petite fée déploya ses ailes et lâcha la veste de Lyo, il fit un bond spectaculaire et l'attrapa au vol. On ne vit d'elle que les quelques poussières magiques qui firent projetées par la violence du choc.
Cependant il n'eut pas le temps de la savourer car Lyo réagit le premier.

" Fichmoalapai !! Fichmoalapai !!"
Lionel rattrapa Bell, qui était resté dans la gueule de Rîn, mais la relacha, lorsque celui-ci fit un bond de coté.
" Rîn ! Lache-la ! C'est pas bon à manger, une fée !!"
Le visage de Bell grimpa encore d'un rouge, et elle en eut marre.
" Amaraun !!!!"
Il y eut une détonation, lors de laquelle Rîn, Lionel et Bell furent ejectés.
Bell atterrit au sommet d'un arbre, où elle se cramponna en lancant à Rîn un regard noir. Celui-ci atterrit un peu plus loin, dans la poussiére, où il se releva tant bien que mal.
Lionel, quand à lui, se retrouva sur les genoux de Gwaeren.
" Ah ? Euh ... Salut ... Ca va aller ?"
Il se sentait vraiment trés gauche, lorsqu'il se releva, les joues en feu.